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Photo du rédacteurVenise Balazuc- -Schweitzer

On touche le fond...

L’élaboration de nouvelles techniques de pêche permet de capturer de plus grandes quantités de poissons. C’est au prix de dégradations de la faune et de la flore marines qui appellent des mesures de régulation.


La pêche est devenue une industrie importante, notamment afin d’accompagner la croissance démographique. Elle s’est développée de manière intensive, soulevant des questions environnementales majeures. Des discussions ont lieu à une échelle européenne mais aussi mondiale à propos de ces pêches qui détruisent la faune et la flore marines sans distinguer les espèces.


Deux types de pêche posent particulièrement problème : la pêche électrique et le chalutage de fond. Afin de garantir des rendements maximaux, ces deux techniques attrapent des quantités gigantesques, dont souvent une grande partie se voit reversée dans la mer par la suite parce qu’elle est inutile pour la consommation.


La pêche électrique, conçue par un Néerlandais en 1992, consiste à paralyser des poissons à l’aide de décharges électriques pour les remonter plus facilement. Le bateau utilisé pour ce type de pêche, le chalut à impulsions, permet de descendre un filet composé d'électrodes dans l’océan par lesquelles sont envoyés des courants électriques de 10 volts. Cette pêche atteint toutes les espèces marines vivantes sans sélection. Selon l’ONG Bloom, les poissons remontés montreraient des traces de blessures, ecchymoses et brûlures ainsi que des déformations du squelette. Par ailleurs, affirme l’association Robin des Bois, les ondes électriques impactent les poissons ainsi que les œufs même hors des filets.





Cette méthode, vigoureusement dénoncée par les pêcheurs, a été interdite en 1998 par l’Union européenne. Toutefois, les Pays-Bas, sous prétexte de recherches sur cette pratique, continuent d’exercer cette méthode, et ce depuis 2007. C’est finalement le 1er juillet 2021 que la pêche électrique a été formellement interdite dans toutes les eaux européennes. Dans ce même combat en faveur de la protection des fonds marins, une loi a été soumise mardi 3 mai 2022 aux députés européens par Caroline Roose (Vert-Alliance libre européenne) demandant d’interdire la pêche au chalut de fond dans les zones classées. En effet, ces dernières, malgré leur statut, ne sont que peu préservées. Une pétition européenne de 150 000 signatures à ce sujet est venue de surcroît appuyer son propos.


La pêche au chalut de fond consiste à tracter un ou deux filets en forme conique par un navire à l’aide de câbles en acier, aussi nommés funes. Cette technique largement utilisée constitue environ 26 % des rendements annuels de pêche dans le monde. Remontant plus de 30 millions de tonnes de produits de mer par an, à elle seule cette sorte de pêche équivaut toutes les prises de pêcheurs artisanaux en une année. Elle engendre une destruction importante des fonds marins, les animaux et habitats sont broyés, jusqu’à 70 % des espèces capturées ne sont pas voulues. En outre, ce raclage des fonds libère du CO2, stocké jusque là définitivement, en grande quantité.


Malheureusement, Pierre Karleskind (Renaissance) s’est opposé à cette loi en raison des conséquences économiques qu’elle aurait selon lui, soutenant par ailleurs que son efficacité environnementale n’était pas garantie. Le milieu des pêcheurs serait aussi fortement impacté par cette décision. La proposition de loi n’a donc pas été adoptée par le Parlement européen (319 votes contre, 280 votes pour et 35 abstentions).


La réglementation de la pêche est complexe en raison de son articulation entre des enjeux écologiques majeurs, d’un côté, et sociaux et économiques, de l’autre. La Commission européenne ayant annoncé en 2020 vouloir protéger 30 % des terres et mers d’ici 2030, on peut espérer que cet enjeu crucial continuera d’être défendu afin de voir la protection des mers progresser.



Venise Balazuc- -Schweitzer

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