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Marc Chagall : 40e anniversaire de la mort d’un peintre singulier

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Dans l’univers de Marc Chagall, les lois de la gravité s’effacent : les personnages s’envolent, les couleurs chantent. Né en 1887 à Vitebsk, il a traversé le XXe siècle en bâtissant un univers pictural inimitable, nourri de souvenirs d’enfance, de spiritualité, de la culture juive dont il est originaire, de poésie et plus important, de rêve. Mort en mars 1985, cette année marque le quarantième anniversaire de sa mort. Exilé en France, novateur, il s’est illustré aussi bien sur toile que dans des œuvres monumentales, comme le plafond de l’Opéra Garnier à Paris. Premier artiste à voir un musée ouvert en son honneur de son vivant en France, Chagall a laissé une empreinte singulière et unique : la sienne, où rêve et réalité ne font plus qu’un.


Une esthétique onirique empreinte de tradition


Chagall ne s’est jamais laissé enfermer dans un courant artistique. Puisant dans la mémoire de son enfance, il compose des scènes où traditions populaires, spiritualité et souvenirs familiaux se mêlent à l’imaginaire le plus libre. Ses toiles, habitées de personnages flottants, d’animaux fabuleux et de paysages métamorphosés, abolissent les lois de la gravité et de la logique. La couleur, éclatante, devient le vecteur d’émotions universelles : tendresse, nostalgie, joie ou mélancolie. Si la Russie natale et la culture juive nourrissent son inspiration, Paris et les avant-gardes stimulent sa créativité, sans jamais altérer la singularité de son langage visuel. Dans le tableau Moi et le village, peint en 1911, il y représente des souvenirs de son village natal de Vitebsk, en Russie, mêlant éléments autobiographiques et imaginaires. Tout est peint dans un cadre d’une liberté absolue, où les formes sont confondues.

Moi et le village
Moi et le village

Des chefs-d'œuvre intemporels où résident beauté, grâce et poésie


Tout au long des bouleversements du XXe siècle, Chagall garde intacte sa capacité d’émerveillement. Ni la guerre, ni l’exil, ni la perte ne l’enferment dans le témoignage ou la dénonciation. Au contraire, il choisit la voie de l’allégorie : la mémoire des persécutions et de l’exil affleure dans ses œuvres, mais toujours transfigurée par la lumière et l’espérance. Son art s’ouvre à de nouveaux supports : vitraux pour la cathédrale de Reims, mosaïques, céramiques, décors de théâtre, et bien sûr, le plafond de l’Opéra Garnier, inauguré en 1964, où il célèbre célèbre la musique, la danse et la création artistique, rendant hommage à de grands compositeurs comme Mozart, Wagner, Berlioz et Ravel, ainsi qu’à l’univers du spectacle vivant. Animé par des couleurs éclatantes et des formes flottantes, il mêle personnages ailés, couples légendaires, monuments parisiens et scènes oniriques, symbolisant la joie, l’amour et la liberté, tout en abolissant les frontières entre le réel et l’imaginaire. La palette de couleurs est unique, avec une profusion de jaune, bleu, vert, rouge contribuant à cet univers “chagallien” si singulier.

Plafond de l'Opéra Garnier
Plafond de l'Opéra Garnier


Premier musée pour un artiste de son vivant


L’ouverture du musée national Marc Chagall à Nice, le premier pour un artiste de son vivant, en 1973 témoigne de la reconnaissance exceptionnelle de son œuvre. On y retrouve notamment la série intitulée Le Message biblique : douze tableaux d’une grâce infinie représentant l’Ancien Testament. Dans Le Paradis, les personnages semblent en lévitation, les formes deviennent confuses et se noient dans une mer de bleu aux multiples teintes, tandis que ça et là émergent des nuages rouges, blancs ou violets. 

Le Paradis, extrait du Message Biblique
Le Paradis, extrait du Message Biblique

Aujourd’hui, ses créations figurent dans les plus grandes collections mondiales, du MoMA où se trouve le tableau évoqué précédemment Moi et le village à New York au Centre Pompidou à Paris avec entre autres la création Autour d’elle (1945), oeuvre dans laquelle la logique spatiale est brisée : les figures flottent, la perspective est rouillée, le village natal semble enfermé dans une bulle.

 

Marquant par son unicité dans l’Histoire, n’ayant jamais fondé d’école, Chagall inspire par la liberté de sa palette, la puissance de son imaginaire et sa capacité à procurer du rêve. Son influence traverse aussi la culture populaire : ainsi, La Mariée fascine les protagonistes du film Coup de foudre à Notting Hill.


La Mariée
La Mariée

Quarante ans après sa disparition, l’art de Chagall demeure une invitation à regarder le monde autrement : un monde où la couleur, la religion et le rêve ouvrent de nouveaux horizons à la sensibilité humaine.


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