À quoi servent les archives de l’école ?
- Ulysse C. L.
- 27 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juin
Derrière certaines portes de l’école se cachent des trésors : les « archives ». Vous vous demandez peut-être pourquoi Valérie Sofroniades, responsable du service Archives et patrimoine mémoriel, conserve des milliers de bulletins ou d'emplois du temps.
En attendant de rencontrer Valérie Sofroniades pour parler de son métier (dans un prochain Graffiti), j’ai demandé à Pierre de Panafieu, le directeur de l’École alsacienne, de nous en dire un peu plus.
Graffiti : Pourquoi conserver tant de documents sur le passé de l’École lsacienne ?
Pierre de Panafieu : C’est important de connaître l’évolution de l’institution, c'est-à-dire le nom des professeurs, les programmes qui ont été appliqués, ou encore les discours prononcés lors des fêtes de fin d’année. Il faut que l’institution garde une mémoire d’elle-même, ce qui nous permet de connaître son passé. Sans les archives, on a toujours l’impression de tout découvrir, alors que nos prédécesseurs ont été confrontés à des difficultés auxquelles ils ont trouvé des solutions. Ce sont ces solutions qui sont intéressantes. Donc, les archives… C’est utile pour l’administration, mais elles le sont également pour les anciens élèves. Par exemple, si le Souvenir National nous a donné le drapeau de la Libération Nord, c’est parce que Christian Pineau, le cofondateur de ce mouvement de résistance de la Seconde Guerre mondiale, était un ancien élève de l'école. Nous avons eu cette information sur sa scolarité grâce aux archives. Attention, on ne trouve pas tout dans les archives : lorsqu’un élève a été sanctionné, cela n’est pas conservé longtemps dans le dossier, car il existe ce qu’on appelle le droit à l’oubli.
G. Depuis quand l’école conserve-t-elle des documents ? Et quels genres de documents y sont conservés ?
P. P. Dès la fondation de l’école, les archives ont existé. Nous conservons les procès-verbaux des réunions du Conseil d’Administration, mais aussi des fiches sur les élèves depuis le milieu des années 1930, et tous les bulletins des élèves depuis 1962. Il y a également des archives photographiques ; le premier cliché pris à l'école remonte à 1875.
G. Est-ce que des historiens demandent parfois à accéder aux archives ?
P. P. Oui, et je vais vous citer deux exemples. Une historienne travaille sur le parcours de l’un de nos anciens professeurs, Léon Ronzensweig. Professeur d’histoire, il a enseigné dans des refuges pour des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Puis, dans les années 1950, il a joué un rôle important dans le développement de l’enseignement dans les écoles juives en Iran. Un autre historien, Julian Jackson, écrit un livre sur André Gide, écrivain français qui a reçu le prix Nobel de littérature. Comme André Gide était élève à l’école, Julian Jackson était intéressé par ce que nous avions à son sujet.
G. Pouvez-vous me présenter un document important pour l’histoire de l’école ?
P. P. Voici un document important : c’est le premier document du Conseil d’Administration de l’École Alsacienne. Il y est écrit « Réunion du 24 décembre 1874 dans une salle de l'École Alsacienne à 17 heures ». Le premier sujet abordé concerne les possibilités d’accorder des réductions de frais de scolarité, c’est-à-dire que dès la création de l’école, on imagine déjà un système de bourses. Autre document intéressant, un cahier de Théodore Beck, directeur de l’école de 1890 à 1924. Dans ce cahier, figurent les noms des élèves et ce qui est dit à leur sujet lors du conseil de classe. Aujourd’hui encore, durant le conseil de classe, l’adjoint d’éducation note tout ce que disent les professeurs. Nous avons donc les traces de tous nos élèves et de l’attention qu’on porte à chacun d’eux. C’est une marque de l’école.
G. Et un document étonnant, peut-être ?
P. P. Voici un document étonnant : un cahier de brouillon d’un élève qui s’appelait Pierre Louis et qui était dans l’établissement à la fin du 19e siècle. Dans ce cahier, on trouve des brouillons de devoirs de géographie et d’allemand, mais aussi un dessin de gorille et des caricatures. Il y a des allusions politiques. Cet élève, qui était dans la même classe qu’André Gide, est devenu poète sous le nom de Pierre Louÿs. Certaines pages sont découpées, car il a dû trouver que c’était beau. Ce qui l’amusait particulièrement, c’était de retranscrire précisément les classements et les notes de tous ses camarades. C’est un des documents les plus étonnants dans la mesure où l’on n’est pas censé le détenir. Nous l’avons acquis lors d’une vente aux enchères. Il nous éclaire sur ce qu’était un cahier de brouillon d’un élève en 1891.
Ulysse C.L. 5e



