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Photo du rédacteurFrédéric Lucaussy Sviatopolk-Mirsky

Le jour de l'An

Une fête qui a bien voyagé dans le temps


Les fêtes de fin d’année sont des moments de grande joie, en particulier le passage de l’An ! Pourtant, le jour de l’An n’a pas toujours été le 1er janvier. En effet, la date du début de l’année a beaucoup varié partout dans le monde au cours du temps. 


Les premiers calendriers 

Tout d’abord, il y a la question de comment on mesure une année, donc la question de quel calendrier adopter. Le Proche-Orient ancien opta pour un calendrier luni-solaire qui visait à faire coïncider les mois lunaires – qui suivent les phases de la Lune–, avec les saisons, basées sur le Soleil. Pour combler les 11 jours de décalage entre ces deux cycles, on doit rajouter un mois supplémentaire de temps en temps. Les Grecs, la Rome d’avant Jules César et la Chine suivaient ce calendrier. Les Egyptiens, quant à eux, utilisaient un calendrier solaire, pour bien suivre les saisons. 


Quel jour faire débuter l’année ?

Une fois le calendrier choisi, il fallait définir un jour pour faire débuter l’année. Chaque civilisation, chaque région, parfois chaque ville, avait son propre jour de l’An. Ainsi, au Proche-Orient, certaines régions faisaient débuter l’année autour de l'équinoxe du printemps – lorsque la nature reprend vie–, d’autres lors de celui l’automne et, parfois, au solstice d’hiver – fête du Sol invictus, le soleil invaincu–, moment où on commence à gagner des minutes de soleil. Chez les Egyptiens, le début de l’année coïncidait avec les crues du Nil –- très importantes pour l’agriculture–, qui ont lieu en été. On aurait pu penser que chez les Grecs, qui cherchaient tellement le “cosmos”, c’est-à-dire l’harmonie, on trouverait une date de début d’année commune. Ce n’est pas le cas. L’année débutait au solstice d’été à Athènes, au moment des Panathénées, à Thèbes c’était plutôt lors de celui d’hiver,  à Sparte c’était à l'équinoxe d’automne.


Le calendrier julien et l’apparition du 1er janvier en honneur au dieu Janus 

Ce fut Jules César qui, en 46 av. J.-C., décida de mettre de l’ordre dans cette trop importante différence de calendriers et de débuts d’année. Il commença par abandonner le calendrier luni-solaire au profit du calendrier solaire. Ensuite, il a défini comme jour de l’An le 1er janvier, à la place du mois mars. En effet, juste après le solstice d’hiver, le 1er janvier, les Romains célébraient le dieu Janus : c’est le dieu des “passages”, des portes, mais on peut également le voir comme passage du temps. Il a deux visages : une face tournée vers l’arrière, vers le passé, l’autre vers l’avant, vers l’avenir ! 





L’ère chrétienne : la circoncision et le saint prépuce du Seigneur

Pour ce qui concerne le jour de l’An, l’ère chrétienne n’appréciait ni les dieux païens ni suivre servilement la nature, la date de début d’année changea maintes fois : à Pâques, au jour de l’Annonciation, à celui de la naissance du Christ… Finalement, on constate que la fête chrétienne de Noël supplanta la fête du Sol invictus. Ensuite, le Christ étant né juif, au 8e jour de sa vie, il fut emmené au Temple de Jérusalem pour y être circoncis : donc Janus fut supplanté par la fête de la Circoncision et du saint prépuce du Seigneur ! C’est cela qu’on célèbre réellement le 1er janvier (même si cette fête a été remplacée par celle de la sainte Marie, mère de Dieu, Theotokos, en 1974). Mais le débat n’est pas clos : certains souhaitent qu’il y ait une double célébration car la circoncision vient du thème d’Abraham et d’Isaac qui symbolise l’alliance avec Dieu. Aussi, c’est à ce moment-là que l’enfant reçoit son nom, dans ce cas ce fut Jésus.






En France

La date du 1er janvier s’affirma petit à petit. En France, ce fut Charles IX qui, par l’édit du Roussillon de 1564, la fixa comme jour de l’An. Mais il a fallu attendre 1582, avec la réforme du calendrier du pape Grégoire XIII, pour que cette date soit davantage implantée en Occident. 


Les Orthodoxes

Cependant, tout n’est pas si simple. Par exemple, si la Russie a adopté le calendrier grégorien au XXe siècle, l'Église orthodoxe conserve le calendrier julien. Les Russes célèbrent donc Noël du 6 au 7 janvier


Le calendrier hébraïque

Dans le judaïsme, c’est le calendrier luni-solaire qui est utilisé. L’an zéro se réfère à la création du monde selon les textes bibliques. Ainsi, en décembre 2023, selon le calendrier hébraïque, nous sommes en 5784 ! Les personnes de confession hébraïque fêtent Rosh Hashana, le nouvel an juif, qui est en automne.


Le monde musulman

Dans le monde musulman c’est le calendrier lunaire qui est utilisé. Ils ont déjà fêté le nouvel an le 19 juillet dernier ! Et, si on est en 2023, eux sont en 1445 ! Car leur calendrier est compté à partir du début de l’ère musulmane, lorsque le prophète Mahomet quitta La Mecque pour Médine lors de “l’Hégire”.


En Chine

Puis, il y a les Chinois qui utilisent le calendrier luni-solaire pour les fêtes religieuses. Donc, il n’y a pas de date fixe, le début de l’année varie d’un an à l’autre. En général, c’est entre le 21 janvier et le 20 février. Chaque année est associée à l’un des douze animaux du zodiaque chinois. Donc en décembre 2023, nous sommes dans l’année du lièvre : mois 10, année GuiMao. La nouvelle année sera celle du dragon : mois 1, année JiaChen : le 10 février 2024.


En conclusion

Pour résumer, nous pouvons dire qu’à partir de la 2e moitié du XXe siècle, on trouve presque partout le calendrier grégorien pour compter l’année civile administrative. Mais on trouve en parallèle d’autres calendriers qui sont propres à chaque culture pour établir les fêtes religieuses dont le jour de l’An et bien d’autres !


Et pour fêter chaque nouvelle année, vous pouvez adopter plusieurs traditions : manger 12 raisins, du miel, des grenades, s’embrasser sous un gui, s’habiller en blanc pour la paix, et surtout, n’oubliez pas, cher lecteur, de débuter l’année dans la bonne humeur et de prendre de bonnes résolutions ! 


Sur ce, nous vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d’année et une douce et heureuse année 2024 !



Crédits 

Buste du dieu Janus, musée du Vatican, wiki commons

La Circoncision, musée Unterlinden, Colmar, wiki commons



Bibliographie : si vous souhaitez en savoir plus sur cette question sur les calendriers, je vous conseille le magazine L’Histoire : l’invention du temps, juillet-août 2022. Plusieurs sites consacrent des explications détaillées sur ce sujet, mais pour éviter l’écran, le magazine donne beaucoup d’informations.


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