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L'École est de sortie... Au théâtre !

Les élèves de seconde de l’option théâtre ont eu la chance d’aller voir une lecture de la pièce de théâtre Oh les beaux jours de Samuel Beckett dans le théâtre des Bouffes du Nord, le 13 octobre dernier.


Dans cette pièce écrite en 1960, après la Seconde Guerre mondiale, l’auteur illustre une humanité profondément marquée par la guerre en mettant en valeur des personnages fracturés, défectueux, incomplets - des personnages qui ne peuvent pas simplement vivre une vie normale. C’est le cas ici de Winnie, une femme qui n’a plus de jambes, et de son mari Willy, qui est enfermé dans un trou, et incapable de s’en échapper. Le contexte de cette situation, assez absurde, n’est jamais expliqué et n’a en réalité aucune importance ; l’intérêt se trouve dans ce qui est communiqué à travers la situation. Car cette pièce, emblématique d’une humanité qui ne sait pas vivre normalement après les atrocités d’une telle guerre, pose en effet la question fondamentale : comment vivre ainsi ? Et même, pourquoi vivre ainsi ?


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Le spectateur a l’impression tout au long de la pièce d’assister à quelque chose de très personnel, d’intime et d’émouvant. Winnie parle constamment : les deux personnages pouvant à peine bouger, la représentation est donc constituée presque entièrement de ses paroles. C’est pourquoi la pièce peut être difficile à suivre : rien ne se passe et il n’y a aucune action, mais c’est bien là son objectif ! Et bien que Winnie parle pendant des heures - et la plupart du temps toute seule - l’actrice parvient si bien à incarner son personnage (et tout cela en lisant !) que celui-ci ne nous lasse jamais. Elle parle de tout et de rien, s’intéresse aux choses les plus insignifiantes et banales, mais on est très touché par cette femme désespérée qui tente malgré tout d’avoir un contact humain en parlant à son mari, quoiqu’il l’ignore presque toujours. On est bouleversée par cette femme qui s’accroche à la vie avec la seule chose qui lui reste : la parole. Certes, ce n’est pas une pièce pour distraire, mais c’est une pièce qui nous questionne sur l’état humain et qui nous émeut grâce à ses personnages puissants et profondément humains, et il m’a fait réfléchir longtemps après l’avoir vu.


Néanmoins, j’ai trouvé dommage que les comédiens lisent les didascalies à voix haute. Avec le choix de prononcer et de jouer les silences après chaque réplique, on perd l’effet que voulait produire l’auteur, c’est-à-dire de perturber et de troubler le public avec une pièce centrée autour du silence.


Merci beaucoup à Mme Rozé pour cette sortie au théâtre !



Veronika Cameron

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