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Photo du rédacteurAlexandre Barbaron

Rencontre avec l'écrivaine Evelyne Brisou-Pellen

Pour le vingt-quatrième numéro de Graffiti, Elodie vous a présenté le roman d'Evelyne Brisou-Pellen Deux graines de cacao. Pour accompagner cet article, nous avons eu la chance de rencontrer Evelyne.




Graffiti : Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

Evelyne Brisou-Pellen : Evelyne Brisou-Pellen, j’écris des romans, dont la plupart se passent dans une époque passée ; j’écris également pour les plus jeunes.


G : Comment avez-vous eu envie de faire ce métier ?

E. B. : Jamais dans ma jeunesse je ne me suis imaginée écrivaine.

Un jour, j’avais déjà des enfants, je leur lisais des livres et je me suis demandé qui écrivait ces histoires que j’étais en train de leur lire. Et je me suis dit que je pouvais essayer d’en écrire. Ma première réalisation était donc un petit album jeunesse. Et dès sa parution, j’ai pensé que j’aimerais mieux écrire des romans, des histoires longues, dans lesquelles on rêve, on voit évoluer les personnages. Et petit à petit, j’ai compris que mon “truc”, c’était plutôt le roman. J’ai besoin de rester longtemps avec les personnages que je crée. C’est pour ça que j’écris des séries entières, comme Le Manoir, dans laquelle il y a douze tomes : six dans la première saison et six dans la deuxième, tout comme la série Garin Trousseboeuf. Après, je fais attention à m’arrêter dès que ça devient trop répétitif, il faut que j’ai toujours quelque chose d’original à raconter.


G : Et les éditeurs continuent-ils à publier les tomes les uns après les autres ?

E. B. : Oui, bien sûr car je ne publie pas les douze en même temps. Prenons l'exemple du Manoir : le premier tome c’est Liam et la carte d’éternité, c’est celui-ci que j’envoie à l’éditeur au départ. Pour ce livre-là, l’éditeur m’a tout de suite rappelé pour me dire qu’il était emballé. Mais à ce moment, ni lui ni moi n'imaginons qu’il y en aurait douze. Et si le précédent se vend bien, et que j’ai de nouvelles idées, on continue ! Au contraire, si la série n’avait pas fonctionné du tout, l’éditeur m’aurait dit “Eh ben on va pas continuer”. D’autre part, moi aussi je vois bien si ça marche ou pas. Tant qu’il y a des lecteurs et que j’ai des idées, pourquoi s'arrêter ?



G : Trouvez-vous que les jeunes lisent de moins en moins ?

E. B. : Eh bien je pense que ça dépend vraiment des enfants. Moi,oui par exemple, j'ai toujours beaucoup lu. Mais lorsque j’étais en classe de CM2 (je me souviens très bien de cette année-là ) sur les trente-deux élèves que nous étions, seules cinq sont passées en sixième au lycée (à ce moment, le collège d'aujourd'hui n’existait pas) -- et, curieusement les seules qui lisaient . Alors aujourd’hui on prétend que tout le monde lisait mais ce n’est pas vrai du tout !

Je pense qu’au contraire les jeunes lisent de plus en plus, car on leur en donne de plus en plus l’occasion.


G : Comment feriez-vous pour convaincre un enfant ou un adolescent de lire ?

E. B. : Je pense que cet enfant n’a pas trouvé le genre de livres qui lui plairait. Alors je lui dirais de continuer à essayer un peu de tout, au moins les première page s’il croit qu’il n’aime pas lire, et il voit s’il est accroché. J’ai plein d'exemples d’adolescents qui n’avaient pas lu jusqu’à douze, treize voire quatorze ans et qui un jour ont découvert un livre qui leur plaisait et qui se sont dit que c’était vraiment chouette la lecture. Je pense que c’est un enrichissement de tous les points de vue, que ce soit au niveau de la langue ou de la réflexion.


G : Plus jeune, étiez-vous douée en cours de français, en orthographe, en grammaire et en rédaction ?

E. B. : Oh oui, oui, oui ! J’adorais la grammaire ; d’ailleurs, j’ai fait des études de lettres par la suite avec un mémoire de maîtrise en grammaire. À l’époque, la grammaire était ma passion. En rédaction, les profs disaient que j’avais un bon style, que je racontais bien. Mais je n’avais pas toujours des bonnes notes, hein, quand le sujet ne me plaisait pas… Puis plus tard, au collège, il fallait faire des études sur des œuvres bien précises, et ça m'intéressait moins. Pourtant, comme je l’ai déjà dit, je ne pensais pas du tout devenir écrivaine !


G : Lequel de vos livres conseilleriez-vous le plus à un lecteur qui aimerait vous lire ?

E. B. : La maison aux cinquante-deux portes. Après, chaque lecteur préférera un livre différent mais celui-ci plaît beaucoup en général.


G : Est-ce que le fait d’écrire a changé votre manière de lire ?

E. B. : Ah oui, je ne lis plus de la même façon. Maintenant, je suis très sensible à tout ce que j’apprends, je n’aime plus lire des livres dans lesquels je n’apprends rien. On peut apprendre à tous les niveaux : historique, géographique, psychologique…

Je suis également très sensible à la manière de raconter de l’auteur.


G : Certains de vos livres ont-ils été adaptés au grand écran ?

E. B. : Eh bien non. J’ai eu beaucoup de propositions, de demandes mais mes livres se passent toujours dans un univers un peu extraordinaire qu’il faut reconstituer et ça coûte très cher.


G : Pensez-vous que le métier d’écrivain est en danger, et pourquoi ?

E. B. : Eh bien financièrement on peut dire que le métier est en danger, parce qu’il y a de plus en plus d’offres pour un nombre de lecteurs qui n’augmente pas dans les mêmes proportions., ce qui fait que les auteurs ont de plus en plus de mal à gagner leur vie. Il y a également de plus en plus de ventes d’occasion sur lesquelles les auteurs ne perçoivent rien.

Ce n’est pas mon cas car j’écris depuis très longtemps, certains de mes livres sont étudiés en classe et je suis beaucoup lue, mais nous ne sommes qu’une poignée d’auteurs à pouvoir vivre de notre travail.


G : Pensez-vous qu’il y a des choses à changer dans les programmes de lettres de l’éducation nationale ?

E. B. : Il me semble qu’on fait lire aux élèves des œuvres qui les ennuient terriblement et qui ne leur apportent rien ; on devrait garder ces “classiques” pour la fac car ces ouvrages sont bien évidemment importants, il font partie de la culture française, mais ils prennent maintenant trop la distance avec les nouvelles générations, et ils donnent l’impression aux plus jeunes que la lecture est une activité bien ennuyeuse. Quand cessera-t-on de faire toujours étudier la même chose aux élèves ? Il faudrait faire un “grand ménage”.


G : Comment s’organisent vos journées d’écriture ?

E. B. : Je me mets au travail vers sept/huit heures, jusqu'à midi, puis de quatorze à dix-neuf heures. Mais tout n’est pas de l’écriture, il y a également beaucoup de documentation, de recherches, surtout quand l’histoire se déroule à une autre époque…


G : Ordinateur ou papier ?

E. B. : J’écris directement sur l’ordinateur ! Plus de crayon : c’est beaucoup plus lent et compliqué ! Je suis quelqu’un qui se relit beaucoup : je relis parfois trente fois mes textes avant de les envoyer.


G : Auriez-vous un conseil à donner aux jeunes lecteurs de Graffiti qui aimeraient se lancer dans l’écriture ?

E. B. : D’abord, il faut réfléchir à ce que l’on veut raconter ; il faut avoir une idée de l’ambiance, du lieu, de l’époque… Ensuite, une fois qu’un roman est terminé, je le laisse de côté pendant un bon mois et je le relis. Et c’est là que je vois tous ses défauts, ses imperfections.


G : Merci beaucoup Evelyne Brisou-Pellen, d’avoir répondu à nos questions !



Entretien par Alexandre Barbaron et Owen Samama-Brault



 

Retrouvez Deux graines de cacao, Le Manoir et La maison au 52 portes au CDI !


 

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