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Photo du rédacteurVenise Balazuc- -Schweitzer

Le bien-être animal : une cause présente

De nos jours très discuté, le bien-être animal est un concept complexe qui s’inscrit dans une longue histoire.


Depuis près de dix mille ans, l’homme a établi une relation avec l’animal, souvent faite de dominance et d’exploitation. La question de la légitimité des hommes à utiliser les animaux s’est donc rapidement posée. Dès l’Antiquité, deux mouvements intellectuels s’opposent, d’un côté ceux qui pensent que les animaux sont des êtres sensibles dotés d’une existence à part entière et, de l’autre, ceux qui, par opposition aux hommes, ne leurs confèrent que des corps. Cette divergence est liée à des cultures et des concepts philosophiques différents. Ainsi, pendant l’Antiquité, Pythagore s’oppose à Platon en défendant le respect dû aux animaux et, au XVIIe siècle, Descartes avance le fait que les animaux ne souffrent pas et ne ressentent pas d’émotions tandis que Voltaire, cent ans plus tard, valorise au contraire leur intégrité propre. Plus tard, la théorie de l’évolution de Darwin établit notre descendance des animaux, et par conséquent, notre ressemblance. Certains philosophes considèrent même qu’il n’y a pas de frontières éthiques ou physiologiques entre homme et animal.


C’est au fil des siècles, avec l’avancée de la science, des idées et sensibilités, que les perspectives se modifient.


Finalement, la loi Grammont, réprimant les mauvais traitements en public des animaux domestiques, est promulguée en 1850 en France. Depuis lors, de nombreuses décisions ont été prises, évoluant pour instaurer une protection de l’animal. C’est ce que l’on appelle la bientraitance : les devoirs des hommes envers les animaux dont ils ont la charge.

L’étape décisive est en 1992, lors du Farm Animal Welfare Council. Les cinq libertés nécessaires à un animal sous la garde de l’homme pour qu’il ait un mode de vie acceptable, reprenant les concepts évoqués dans Animal machines de Ruth Harrison, sont : l’absence de maladies, lésions et douleurs ; l’absence de stress physique et thermique ; l’absence de faim, soif et malnutrition ; l’absence de peur ou détresse et la possibilité d’exprimer les comportements normaux de son espèce. Cette dernière condition, se basant sur le principe du bien-être, qui consiste à se trouver dans une situation matérielle qui permette la satisfaction des besoins physiques et l’absence de soucis est une vraie révolution. C’est donc à ce moment que la notion de bien-être animal est conceptualisée. Au lieu d’avoir seulement un point de vue anthropocentré, le point de vue de l’animal est pour la première fois pris en compte.

Venise Balazuc- -Schweitzer

De nos jours, la question du bien-être animal ne cesse d’évoluer et des nouvelles mesures sont prises. C’est ainsi que, finalement, l’animal est considéré comme un être sensible dans le Code civil en 2015. Il est important de se rappeler que le bien-être animal concerne les animaux sous la garde de l’homme qui par ailleurs ont une sensibilité. L’association L214, avec ses vidéos chocs faisant apparaître la réalité des abattoirs et les conditions de vie des animaux d’élevage, a notamment contribué à une prise de conscience collective. Un sondage a révélé que 98 % des Français considèrent que le bien-être animal est important et 88 % des Français que le bien-être des animaux d’élevage n’est pas suffisant actuellement. De nombreux débats ont donc lieu sur l’avenir des droits des animaux.


La loi du 18 novembre 2021 est une avancée majeure dans ce combat, prévoyant des sanctions plus graves pour les auteurs d’actes de cruauté, un encadrement plus strict pour la vente d’animaux domestiques, l’interdiction prochaine de la vente de chiots et chatons en animalerie, et l’interdiction future de la présence d’animaux sauvages dans les cirques et cétacés dans les delphinariums. Cette loi est cruciale, au vu de l’avancée qu’elle représente pour les animaux de compagnie et les animaux sauvages en captivité. Toutefois, cette loi ne traite ni des animaux sauvages en liberté ni des animaux d’élevage. Verra-t-on par exemple l’interdiction de certaines formes de chasse, comme l’a fait le Royaume Uni pour la chasse à courre en 2005 ou l’élevage d’animaux en cage ? Il reste encore beaucoup à faire.


Venise Balazuc--Schweitzer

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