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Entretien avec un climatosceptique

Maintenant que vous en savez un peu plus sur les climatosceptiques, nous vous proposons de rencontrer l’un d’eux. Grafiiti a pour vous interviewé Thierry Samama, climatosceptique.


Graffiti : Acceptez-vous le nom de « climatosceptique » ?

Thierry Samama : On désigne en général par ce terme les personnes qui rappellent la base scientifique limitée des théories de l'origine humaine du changement climatique. C'est effectivement mon cas, même si je préfère un terme comme "climato-réaliste". Mais je pense qu'au-delà de la prise de conscience des limites des modélisations du climat, au-delà du doute raisonnable sur les prévisions à long terme qu'on essaie de tirer de ces modélisations, j'ai surtout de grosses réserves sur la nécessité de consacrer une partie significative des ressources de l'humanité à essayer d'influencer le temps qu'il fait, plutôt que de d'investir ces mêmes ressources dans la recherche médicale pour mieux soigner les gens, ou l'amélioration des rendements agricoles pour mieux nourrir les gens, par exemple. Et par ailleurs, je fais beaucoup plus confiance aux individus pour améliorer le monde, chacun localement et à notre échelle, qu'aux politiques qui utilisent la coercition pour opérer de grands changements sociétaux, avec des résultats pas toujours adaptés aux attentes de chacun (c'est un euphémisme). Donc je ne suis pas sûr que "climato-sceptique" ou "climato-réaliste" reflète correctement cette position - pas plus que "réchauffiste" ou "carbocentriste" ne reflète la position de certains opposants aux "climato-réalistes".


G : Selon vous, y a-t-il un réchauffement climatique ?

T. S. : Il y a bien sûr des modifications du climat en ce moment, comme il y en a eu à toutes les époques de l'humanité, et avant l'humanité, de la planète. Une partie de ces modifications peut entraîner une augmentation en tendance des températures moyennes dans certaines régions du globe, voire même partout sur la planète à certains moments. Evidemment tout dépend de l'échelle de temps à laquelle on se place, mais globalement si on admet un réchauffement récent - qu'intuitivement nous pouvons constater (avec des hivers sans neige à Paris, alors que les rues étaient encore bien enneigées chaque hiver quand j'étais enfant par exemple) - ce réchauffement a des effets négatifs, mais il a aussi des effets très positifs - par exemple une augmentation des rendements agricoles qui permet de nourrir plus de monde. Donc je ne suis pas sûr que ce soit en soi un problème, même s'il faut bien sûr s'adapter à ses conséquences, comme l'humanité l'a toujours fait. En se déplaçant, en aménageant la nature, en changeant ses habitudes (moins de ski, plus de randonnée en montagne !). D'une certaine façon, on peut aussi voir le réchauffement climatique comme une amélioration du climat, à de nombreux égards.


G : Quelle en est la véritable raison ?

T. S. : Les cycles solaires, les cycles de l'orbite terrestre autour du soleil, et les variations de l'activité volcanique sont avancés par les scientifiques pour expliquer les modifications climatiques. Il est fort possible que l'activité humaine contribue également pour partie aux modifications climatiques, par exemple par l'intermédiaire du CO2, ou d'autres façons. Cependant, même à supposer que l'activité humaine soit en tout ou partie responsable de modifications climatiques récentes, on ne peut pas dissocier l'activité humaine de l'extraordinaire progrès de l'humanité dans les 50 dernières années : par exemple l'extrême pauvreté dans le monde est passée de 50% en 1981 à moins de 10% en 2015. Cela s'accompagne de plus d'activité humaine, et du coup peut-être de modifications climatiques, mais c'est globalement très positif ! On ne peut pas dissocier les deux, et avoir les avantages sans les inconvénients - même si prendre en compte l'impact de nos activités sur la planète est une bonne chose, ce ne peut pas être le seul critère de décision.



G : Que pensez-vous des conséquences de l’effet de serre ?

T. S. : Sans "l'effet de serre" (le forçage radiatif, plus précisément) il n'y aurait pas de vie sur terre. Donc plutôt positif de notre point de vue, non ?


G : Pensez-vous que le climat de la planète se refroidira à un moment donné ?

T. S. : C'est fort probable, si nous attendons suffisamment longtemps. Mais que cela arrive ou pas, il ne faudrait pas que cela nous empêche de vivre.


G : Il y a un quasi-consensus sur la question du réchauffement climatique parmi les scientifiques. Quels sont vos arguments contre ça ?

T. S. : Il y avait aussi un quasi-consensus chez les scientifiques d'une certaine époque pour affirmer que la terre était plate. Donc je ne suis pas sûr qu'on puisse retenir un "quasi-consensus" pour se faire sa propre opinion. Il y a par ailleurs de nombreux scientifiques de renom, dont plusieurs prix Nobel (Ivar Giaever, Kary Mullis par exemple), qui ne sont pas du tout d'accord avec ce "quasi-consensus".


G : À quoi pensez-vous quand vous faites quelque chose de polluant ?

T. S. : Chacune de nos vies est "polluante" - ou plus précisément consomme des ressources, et en produit d'autres. Je pense que minimiser notre impact sur la nature est généralement une bonne chose. Donc à titre personnel, et toutes choses étant égales par ailleurs, je préfère une voiture moins polluante, des emballages minimaux, etc. Et je suis très sensible à la pollution des milieux naturels - je suis en particulier très triste de la pollution des océans, qui est un vrai problème, beaucoup plus grave que le CO2 par exemple. Mais en même temps, il est essentiel que chacun puisse vivre sa vie sans se culpabiliser de sa présence sur terre, et surtout en prenant librement ses propres décisions, sur ce sujet comme sur tous les autres. Dans une société heureuse et prospère, je fais confiance à mes semblables pour prendre en compte autrui, les animaux et la planète dans leurs décisions individuelles.


G : Que pensez-vous de l’avis de Donald Trump à ce sujet ?

T. S. : Je pourrais dire la même chose de tous les politiciens : je préfèrerais qu'il ne se mêle pas d'environnement. Si nos élus arrivaient à construire une société libre, prospère, et sûre, dans laquelle l'arbitraire et la coercition n'ont pas leur place, je fais confiance à la l'ingéniosité et à la bienveillance de chacun pour améliorer son environnement au sens large, y compris bien sûr l'environnement naturel. On voit bien que la nature se porte le mieux dans les pays les plus libres et les plus prospères - voir en Suisse ou en Nouvelle-Zélande par exemple. Ce sont ces modèles-là qui devraient nous inspirer.



G : Pouvez-vous, en quelques phrases, tentez de faire changer d’avis les personnes convaincues du réchauffement climatique ?

T. S. : Exercez votre esprit critique en allant au fond des choses pour vous faire votre propre opinion, soyez optimiste et n'écoutez pas les prophètes de malheur (il y en a toujours eu, et ils se sont trompés la plupart du temps). Et surtout, croyez en vous-même et en l'Homme, pour convaincre autrui de vos bonnes idées, plutôt que de les imposer.


G : Merci beaucoup, Thierry Samama, d’avoir répondu à nos questions !

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