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Il était une fois l'École alsacienne...

L’École alsacienne (E majuscule, a minuscule, bien sûr) a été fondée en 1874. Depuis, elle a connu de nombreux directeurs, censeurs, professeurs, et bien sûr énormément d’élèves ! Dans ce Dossier Spécial, nous avons fait le choix d’interviewer une ancienne élève devenue professeure : Clémence Bourdier, plus souvent appelée Mme Bourdier.

 

Graffiti : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Clémence Bourdier : Bonjour Graffiti ! Je m’appelle Clémence Bourdier, je suis professeur de lettres, et ancienne élève de l'Ecole alsacienne. J’y ai fait ma scolarité de la 6e à la Terminale. En tant qu’ancienne élève j’appartiens à la Promo 1991.


G : Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce métier ?

C. B. : D’abord ma mère était professeure d’anglais. Donc je voyais ce qu’elle faisait, l’élaboration des cours, la correction des copies ; cela lui prenait du temps, mais elle semblait contente de le faire. Je voyais aussi l’attention à ses élèves, et, quand par hasard nous en croisions dans la rue, leur gentillesse, leur reconnaissance à son égard. Et puis il y a eu mes institutrices, en primaire. Puis mes professeurs à l’École alsacienne, dont certains sont devenus mes collègues.

G : Y a t-il des professeurs ou des camarades que vous avez eus qui sont encore à l’École alsacienne ?

C. B. : Il y a en effet des professeurs (et même des directeurs, crois-je savoir...) qui sont anciens élèves de l'École. Mais aucun n’est de la même promotion que moi. Parmi les professeurs que j’ai eus et qui sont maintenant des collègues, il ne reste plus que Mesdames Fayet et Gauthier-Faure. J’ai également eu la chance d’être l’élève de Mme Jéquier et du regretté Monsieur Hartmann.

Clémence Bourdier
Clémence Bourdier

G : Parmi eux, y en a-t-il qui vous ont particulièrement marquée ?

C. B. : Chaque professeur m’a marquée, chacun à sa manière : j’adorais les cours de SVT (à l’époque, on disait les Sciences Naturelles...) et ceux de Madame Fayet m’avaient ouvert des horizons nouveaux : je découvrais grâce à elle l’importance du respect des équilibres entre le monde du vivant et son environnement... Et puis il y a eu les professeurs de lettres, bien sûr, et, en 4e, celle que j’ai admirée et que j’admire toujours : Madame Gauthier-Faure. Sa manière d’enseigner, son intelligence, sa délicatesse, l’attention qu’elle prête à chacun de ses élèves, sa volonté de les voir progresser et réussir... Lorsque je suis devenue professeur à mon tour j’ai essayé de m’inspirer de ce que j’appréciais tant chez elle. J’y ai ajouté quelques autres modèles, ma mère, mes autres professeurs, de lettres, mais aussi de mathématiques et même de sciences physiques !


G : Qu’est-ce qui vous plaît à l’Ecole alsacienne ?

C. B. : J’apprécie la relation de confiance et de respect entre les élèves et les professeurs, et aussi le fait que l’on voie les élèves évoluer, se développer, de la 6e à la Terminale, comme dans une famille.

G : Votre meilleur souvenir de l’École en tant qu’élève ?

C. B. : Il m’est difficile d’en retenir un seul... Ce sont plutôt des ambiances, des images, des sensations... J’ai tout de même en tête quelques moments marquants...

Monsieur Lazerges, professeur de mathématiques, avait jeté nos copies par la fenêtre parce qu’elles étaient trop mauvaises... nous avions dû nous précipiter dans la cour du Petit Collège pour les récupérer, sous le regard ébahi des jeunes élèves... Monsieur Lecerf, professeur de lettres en blouse blanche, extrêmement investi, avait organisé une soirée théâtrale autour d’Alfred de Musset... Même les plus timides avaient joué leur rôle, encouragés, poussés, portés par ce grand amateur de théâtre. En Première S, je ne sais plus d’où était venue l’idée mais les élèves étaient entrés en classe avec des nez de clown, et Monsieur Gaulier, excellent professeur de sciences physiques à l’humour pince-sans-rire, nous en avait réclamé un aussi. Le cours de physique le plus sérieux du monde fait par un clown très sérieux, pour des clowns tout aussi sérieux... je regrette de ne pas avoir de photo de ce cours, mais le souvenir reste gravé dans ma mémoire !

Ce qui me frappe en y repensant c’est la connivence qui existait entre les classes et leurs professeurs : on pouvait aller loin, que ce soit dans les projets importants ou dans les plaisanteries, parce qu’il y avait cette confiance mutuelle, et ce bon esprit que je retrouve encore aujourd’hui, même si nous sommes devenus un peu plus sérieux...

G : Et en tant que professeur ?

C. B. : En tant que professeur je n’ai pas non plus un souvenir plus marquant que les autres, c’est plutôt un ensemble... Mais j’apprécie beaucoup les fêtes de fin d’année à l'École : la préparation des expositions, des stands, les adultes et les enfants qui collaborent pour que tout soit parfait, l’ambiance festive, et déjà un peu nostalgique, surtout pour les élèves de Terminale qui vont partir vers d’autres horizons...

J’ai aussi en mémoire deux élèves de CHAM qui avaient été autorisés à jouer de l’orgue dans une église à Rome... Les représentations théâtrales de l’Atelier théâtre... Les spectacles et événements organisés à l'Ecole... Une petite boîte dans laquelle des élèves de Première avaient glissé des petits mots gentils et aussi quelques perles, analyses un peu caricaturales, et plaisanteries que j’avais — prétendaient-ils — prononcées en cours ... Les départs à la retraite de mes collègues et ami(e)s... Et puis, aussi, surtout, la fierté que je lis dans le regard des élèves quand ils ont réussi à surmonter des difficultés, dire un poème quand on est timide, maîtriser une règle de grammaire complexe, rédiger une rédaction quand on pensait manquer d’inspiration...

G : Avez-vous une autre anecdote à nous raconter ?

C. B. : Je me souviens avec beaucoup de nostalgie des cours d’E.M.T (éducation manuelle et technique.) C’est grâce à ces cours que j’ai appris à coudre, réalisé des recettes de cuisine qui sont devenues des classiques à la maison, maîtrisé quelques principes fort utiles pour les travaux manuels et les loisirs créatifs, et fait la joie de mes parents en leur offrant, parmi d’autres merveilles, un dessous de plat en carrelage, un bloc-notes en bois, un coussin en tissu, un cadre photo en carton... (du moins cela semblait leur faire plaisir...)

Et aussi, à chaque fois que je rentre dans une salle de classe du bâtiment 2, 3 ou 6, j’éprouve le curieux sentiment d’être à nouveau élève, comme si les années avaient cessé de passer. Puis les élèves entrent à leur tour, “Bonjour Madame !” et je réintègre le présent... Enfin, je n’oublierai jamais mes deux premières rentrées à l'École alsacienne, en tant qu’élève, et en tant que professeur... Elles étaient très semblables : un peu d’inquiétude, un peu de fierté aussi, de l’enthousiasme, de la nouveauté, et les lieux, les murs, les arbres et les regards réconfortants...

Propos recueillis par Alexandre Barbaron et Owen Samama-Brault




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