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Photo du rédacteurDiane Darde

Un métier, une interview : Député

Pour ce vingtième numéro, nous avons eu la chance de rencontrer Caroline Janvier, député.






Graffiti : En quoi consiste exactement la profession de député ?

Caroline Janvier : Alors, être député c’est représenter les Français, et notamment les Français de la circonscription dont on est élu(e) et donc c’est à la fois porter leur voix, et leurs demandes. Je rencontre beaucoup d’associations, de syndicats ou même de particuliers qui me font part de leurs difficultés ou de choses qu’ils aimeraient voir changer dans la loi. Et c’est surtout travailler à la fabrique de la loi. Donc voter des nouvelles lois ou modifier des lois existantes, pour répondre à des problèmes ou objectifs dans tous les champs des politiques publiques : éducation, santé, sécurité, aménagement du territoire (routes…) et


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G : Pourquoi avez-vous eu envie de devenir député ?

C. J. : Pour pouvoir participer à la prise de décision. Pour être du côté des gens qui prennent des décisions, qui font des choix. Parfois dans les cas où aucune solution n’est idéale. Voir comment la prise de décision se construit. J’avais aussi l’occasion de participer à un projet politique (La République en Marche) qui correspondait à ce que je croyais.

G : Que faisiez-vous avant d’exercer cette profession ?

C. J. : Avant d’être députée, j’ai travaillé 6 ans dans une association qui prend en charge des enfants ou des adultes dans le champ du handicap ou de la protection de l’enfance ou enfin de l’insertion. Des gens qui n’ont pas de domicile ou qui sont demandeurs d’asile.


G : Que se passe-t-il en ce moment question politique ?

C. J. : Il y a beaucoup de sujets politiques, pour cet automne, on discute comme chaque année des textes budgétaires : ce que l’on va dépenser sur les sujets de politiques publiques. On débat de ces arbitrages.

Il y a évidemment la gestion de la crise sanitaire. Nous mettons en place des mesures pour faire face à cette épidémie et aider les entreprises à faire face et éviter les dépôts de bilans.

G : Avez-vous toujours ambitionné de faire une carrière politique ?

C. J. : Pas forcément depuis toujours. Jeune, je pensais que c’était des sujets très compliqués, réservés à des personnes qui maîtrisaient déjà bien ces sujets, mais ça m’intéressait et c’est pour cela que j’ai fait mes études à Sciences Po . Donc là, j’ai étudié ces questions là. Avant de m’engager pour les élections législatives, et donc d’être élue, j’ai décidé de m’engager dans la vie publique - en travaillant notamment pour l’association dont j’ai parlé. Faire de la politique, c’est d’abord s’intéresser aux questions de comment nous vivons ensembles, comment on défend des valeurs ou des projets que l’on trouve importants. Je pense que beaucoup plus de gens que seulement les politiques font de la politique. Les associations sportives par exemple, car le sport c’est une façon d’apprendre à faire équipe. Ce sont des valeurs de citoyenneté. La politique j’en ai aujourd’hui une vision beaucoup plus large que les événements dont parlent les médias.

G : Pourquoi avez-vous choisi le parti de la République en Marche ?

C. J. : J’ai choisi le mouvement de la République en Marche parce que d’abord, Emmanuel Macron me semblait faire le bon diagnostic. Il a voulu ouvrir, justement, la vie politique à beaucoup plus d’hommes et de femmes qu’auparavant. Il a considéré que bien souvent les discussions politiques se faisaient entre les partis (avec des habitudes et des histoires anciennes) et les journalistes. Le problème c’était (et ça reste encore aujourd’hui) que beaucoup de Françaises et Français n’ont pas le sentiment d’être concerné par ce qui est voté aujourd’hui, alors que cela a des impacts forts sur la vie quotidienne des 67 millions de Français.

Emmanuel Macron a été un des premiers à dire qu’il fallait aller chercher beaucoup de gens qui n’étaient pas dans des partis (comme moi) et plus de femmes aussi, plus de jeunes. Afin d’oxygéner la vie politique, apporter des idées neuves, une énergie nouvelle. Pour ne pas rester sur les anciens conflits gauche-droite, un peu stériles et qui ne correspondent plus forcément aux problématiques d'aujourd'hui. C’est principalement cela qui m’a motivée. Et puis après les idées défendues. Parce que fort de ce constat, il a mobilisé beaucoup de militants avec qui il a construit un programme assez innovant car il n’avait pas cet héritage comme la droite et la gauche avec leur historique.

G : Quelle est la semaine type d’un député ?

C. J. : Les semaines changent souvent ! Il y a beaucoup d’événements, la visite d’un ministre ou tout autre activité locale.

La semaine type serait que le lundi se passe dans notre circonscription pour recevoir des gens ou des visites sur le terrain (entreprises, associations, communes). Le mardi et mercredi et parfois le jeudi à l’assemblée, à Paris, pour voter les textes, échanger avec le gouvernement et les ministères ou les syndicats et associations en national. La fin de semaine et le week end en circonscription pour des manifestations et rencontres.

G : Pendant le confinement, êtes-vous quand même allée travailler un minimum ou pas du tout ? Comment cela s'est-il passé ?

C. J. : Pendant le premier mois du confinement, on est resté à domicile. On a réorganisé le travail à distance avec mes collaborateurs. On a beaucoup communiqué sur Facebook, Instagram, Twitter pour informer les Français. De nombreuses réunions à distance aussi avec les ministères pour travailler sur les mesures de soutien.

Après ce premier mois, on a repris les travaux dans l’hémicycle. On passait deux ou trois jours à Paris et je faisais parti des députés pour qui c’était plus facile de se déplacer car pour d’autres les moyens de transports étaient bloqués.

G : Depuis combien de temps êtes-vous député ?

C. J. : Je suis députée depuis 3 ans et ce pour encore 2 ans. Le mandat est de 5 ans.

G : Si vous pouviez prendre une décision, en ce moment, ce serait quoi ?

C. J. : J’ai une proposition de loi que j’ai écrite et dont j’aimerais qu’elle soit votée. Elle concerne la mise en garde contre la surexposition des enfants aux écrans. J’aimerais qu’on mette en place une politique de santé publique pour informer des risques pour les enfants de 0 à 3 ans et les tranches de 3 à 6 et 6 à 9 ans. Pour que les professionnels (enseignants, assistantes maternelles…) et les parents soient sensibilisés. qu’il y ait des informations dans le carnet de grossesse, des règles dans les écoles, etc…

G : Voyagez-vous souvent pour votre travail ?

C. J. : Oui, je me déplace en France essentiellement entre ma circonscription d’Orléans et Paris, parfois ailleurs pour parler des projets que je porte sur cette question des écrans, le plastique ou sur le handicap. J’ai aussi fait plusieurs déplacements à l’étranger car je suis membre de la commission des affaires européennes et j’ai fait deux rapports sur la politique européenne de voisinage et sur le plastique. Je suis allée en Azerbaïdjan, en Jordanie, en Tunisie, dans les pays d’Europe du Nord, etc. Et je suis aussi membre de réseaux d’autres parlementaires à travers le monde. Je suis allée ainsi au Paraguay, en Serbie, en Russie.

G : Y-a-t-il un moment dans votre parcours de députée qui vous a particulièrement marqué ?

C. J. : Il y en a beaucoup. Ce sont beaucoup de moments très forts. Peut-être au moment des gilets jaunes où j’ai eu une vraie inquiétude car j’ai vu un cercle vicieux de violences qui se mettaient en place avec des gens très en colère parfois pour des raisons légitimes et qui utilisaeint la violence, des étudiants qui ont mis le feu à des poubelles, prendre des bonbonnes de gaz, etc. et de l’autre côté des forces de l’ordre qui utilisaient des techniques remises en cause car elles causaient des blessures. je voyais que c’étaient de plus en plus compliqué de sortir de ce cercle de la violence où chacun reproche à l’autre d’avoir été violent.

G : Vous appartenez à la République en Marche. Dans le cas où vous seriez appelée à voter à une loi qui vous déplaît, voteriez vous contre ? Ou appliqueriez-vous la logique gouvernementale ?

C. J. : Alors ça m’est déjà arrivée plusieurs fois de m’abstenir. Généralement les députés de la majorité vont s’abstenir en cas de très fort désaccord. Cela m’est arrivé notamment sur une loi justement au moment des gilets jaunes qui donnait dans un article la possibilité aux préfets d’interdire à certaines personnes de manifester. Je suis attachée à la liberté de manifester et je me suis abstenue. Je pourrais continuer à le faire mais de façon marginale par rapport à l'ensemble des textes.

G : Comment la COVID-19 a modifié le fonctionnement de l’assemblée nationale ?

C. J. : Ça a été très compliqué, car on a mis une jauge de présence dans l’hémicycle de 50 personnes puis de plus en plus importantes, afin de respecter les gestes barrières. Donc tous les députés ne pouvaient pas siéger et certains ne pouvaient pas défendre les amendements qu’ils avaient portés. D’autres devaient voter contre leur propre amendement en raison des délégations de vote mises en place.

A part cela, on a mis en place des masques et du gel et nous avons pris l’habitude de les utiliser. Il faut évidemment éviter de bloquer l’hémicycle à nouveau.

G : À la fin de votre mandat, que souhaiteriez-vous faire ?

C. J. : Alors j’ai pas encore pris complètement ma décision parce que c’est dans deux ans et qu’il peut se passer beaucoup de choses. Soit je me représente et je pourrais ainsi aller plus loin dans certains combats. J’ai beaucoup de sujets qui m’intéressent, au niveau européen notamment. Mais je ne retournerai probablement pas dans la structure où j’ai travaillé.

Donc malheureusement c’est très compliqué à dire car la situation évolue très rapidement et les connaissances au sujet de la maladie aussi.

Merci beaucoup Caroline Janvier, d'avoir répondu à nos questions !

Avec plaisir, et n’oubliez pas qu’on a besoin de plus de femmes et de jeunes dans les questions politiques. Vous avez l’âge de vous intéresser à ce qui se passe dans les conseils municipaux, à tous les types d’élections. C’est mon message à chaque fois que je m’adresse à des jeunes. Il n'y a pas d’âge, une fois qu’on peut voter pour s’impliquer dans la vie politique de son pays ou plus localement sur sa ville.



Propos recueillis par Diane Darde et Electra Chatelus

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